25 août 2012


C’est ce superbe costume de coccinelle qui débuta ma vie de malchance. Vous savez lorsqu’on perd quelque chose, la dernière personne à être pigé au hasard ou les collations égarés; oui, c’était moi tout ce temps. Du haut de mes 5 ans, je gardais la tête haute, acceptant les choix du hasard, mais sans les comprendre, une petite blessure sur le cœur. Lors de ma dernière semaine de maternelle, Mme Dannie pigea le dernier nom pour le port du costume de coccinelle. Ma naïveté me permit encore de croire que j’avais une chance de gagner contre l’unique adversaire; Janelle. Vilaine naïveté. En cette belle journée de soleil accablant, « l’ennemis du port de costume » ne pouvait se mouvoir sans cuire littéralement sur place. Sans la quitter des yeux un instant, le moment inévitable se produisit; Janelle retira ses ailes de coccinelle. Quelle extase de pouvoir enfin prendre ce bien si désiré et de l’enfilé par-dessus ma petite salopette. Bien sur, ce fut une journée plus que désagréable, mais je ne retirai le costume qu’à la dernière seconde. À la maison, je courus vers Toutou-Cochon lui raconter la péripétie de ma victoire incroyable et j’en profitai aussi pour le chuchoter aux monstres sous mon lit. C’est en mai 1996 que je découvris l’une de mes plus grandes forces; trouver toujours une solution afin d’accomplir mes buts, dans la persévérance. On dit que c'est un truc de Capricorne, hey ben. Par la suite, cela devint un caractère de plus en plus présent quotidiennement, qui avantageait la plupart de mes choix de vie. Sauf peut-être à la St-Valentin, en première année, lors de la distribution des cartes de vœux (jumelés a un petit bonbon rose si délicieux) d’Émilie, qui s’arrêta à mon bureau après avoir vidé son sac en me citant un beau classique : « J’ai perdu la tienne Marie-Noël ». Aussi la même année, la fois du Bingo de dalmatiens, lorsque j'ai changé ma carte de numéros avec celle de Carol-Anne quand elle est allée aiguiser son crayon. J'étais persuadée que sa carte gagnerait, car je ne gagnais jamais et elle à remporter le chocolat, évidemment. Damn you hasard. L’impuissance peut être parfois si écrasante chez un enfant. Il s’agit d’un des seuls petits souvenirs stupides qui me donnent, encore aujourd’hui, un pincement dans l'injustice.

On reprochait souvent à ma petite personne de parler sans arrêt, de dessiner ou d’écrire pendant les consignes, mais mon monde conceptuel, mes créations imaginaires commençaient dès lors à germer pour ne jamais plus s’arrêter de grandir. La forêt d’elfes derrière chez moi, grâce à laquelle je créai une écriture cryptée, les histoires aux centaines de pages sur des aventures d’hommes et de bêtes sauvages, les potions de sorcières faites de pétales de roses volées dans le jardin et les livres qui stimulaient mon imaginaire me permirent de développer ce ludisme qui devint rapidement source de bonheur, encore présent aujourd’hui dans mes accomplissements. Un lien avec le monde idéel qui ne s'est jamais rompu. 

« La vieille dame triste ferma les yeux. Tu sais, celle qui pleure les couleurs. »